Analyse territoriale des Monts de Forez Ouest
Analyse du village rue de saint Dier d'Auvergne
L'octroi vu depuis la route d'Ambert
Octroi Nord
Vue de l'octroi depuis le prieuré
Nuit de pleine lune
ARCHITECTURE HABITAT

Habiter le centre Bourg

Habiter le centre Bourg

HABITER LE CENTRE BOURG

Dans le cadre du travail de réflexion engagé par le Parc Naturel Régional :
« Comment habiter le centre bourg »
Nous avons mené une étude sur le Bourg de Saint-Dier-d’Auvergne.

Le centre historique, développé autour de l’église et du prieuré à proximité de l’ancienne forge et du ruisseau du Miodet, s’est progressivement déplacé sur l’accès principal de la route de l’Octroi où la majorité des services est proposée. Cette transposition d’une centralité vers une axialité interpelle ; elle créée un front bâti de maisons de granit de 2 ou 3 étages, qui, disposées sur un promontoire orienté au sud, dominent un paysage pastoral dessiné au loin par la frange végétale de la ripisylve qui accompagne les méandres du Miodet.


LE CONTEXTE
Saint-Dier-d’Auvergne est une des 130 communes du Parc Naturel Régional du Livradois-Forez. Le bourg est, à ce titre, inscrit dans un territoire où une réflexion pluridisciplinaire est menée pour contribuer à la bonne intelligence du dialogue entre Nature, respect du territoire et préservation d’une vie sociale et économique.

Ce village de 600 âmes a la particularité d’être un chef-lieu de canton. Il dispose d’une école primaire, d’un collège avec internat (200 élèves), d’une gendarmerie nationale, d’une agence postale, d’une bibliothèque, d’un service de santé et de de commerces de proximité, propices à la qualité de vie au milieu d’un havre de verdure. L’activité économique est cependant en souffrance. La majorité des habitants travaille en périphérie de Clermont-Ferrand et ne profite des services sur place que pour les dépannages. L’essentiel des courses est réalisé à l’occasion des trajets domicile-travail.

Les nouveaux habitants ont tendance à privilégier des habitations en périphérie dans des lotissements qui créent un mitage urbain ou dans les hameaux du village situés plus loin.

Saint-Dier a bénéficié au moyen-âge du statut d’octroi, ce qui en a fait un bourg animé, un lieu d’échanges économiques important. (Diligences, hostelleries, maréchal-ferrant, commerces divers…) et jusqu’au début des années 70, il disposait encore de 2 hôtels.

Saint-Dier, inscrit dans la Communauté de Commune Billom/Saint-Dier, est aussi en limite d’impact de la ville de Clermont-Ferrand. Elle est dans une certaine mesure une ville « dortoir » des travailleurs clermontois. Il est intéressant de noter que la partie Ouest du territoire du PNR du Livradois-Forez offre à voir un paysage pastoral de grandes prairies herbeuses et dégagées alors que la partie Est est constituée de forêts de pins douglas. Saint-Dier se situant à l’interface de ces deux territoires paysagers et « administratifs », on peut considérer le bourg comme la porte orientale du Parc.

Il semble opportun de jouer sur cette force historique symbolique associée à la géographie pour développer les potentialités du Bourg de Saint-Dier-d’Auvergne.

Le Bourg est inscrit dans un vallon traversé par un petit ruisseau franchi par un pont au bout duquel dominent 2 octrois . L’axe de la rue de l’octroi, parfaitement rectiligne, induit un flux de voiture important pour ce village, ce qui provoque des nuisances sonores et accidentogènes. Il faut tirer parti de ces contraintes pour développer l’attractivité commerciale potentielle : inciter les « passants mobiles » à faire une pause.


RÉFLEXIONS
Nous avons vu les points forts de ce bourg ; nous intégrons les différentes contraintes pour permettre d’aborder des perspectives nouvelles.

Une première approche consisterait à diminuer la vitesse de transit dans le bourg. Ce point aurait pour effet de diminuer les nuisances sonores subies par les riverains et de réduire l’aspect accidentogène de la rue principale.

Pour ce faire, nous proposons de réduire visuellement la chaussée par la couleur des enrobés, en changeant la granulométrie, ce qui augmenterait le vigilance accrue des conducteurs.


LES COMMERCES
Pour contribuer à la vie économique d’un village, il faut que l’offre commerciale soit diversifiée et économiquement viable. Nous avons observé que tous les commerces étaient présents, excepté peut-être, un boucher.

Pour contribuer au passage dans le village, nous proposons de faire installer un distributeur de billets automatiques dans le bourg. La possibilité de pouvoir retirer de l’argent liquide doit être un levier à la fréquentation du bourg. C’est une commodité qui, en centre bourg excentré, est un avantage certain.

Afin d’étendre la centralité du bourg, nous proposons d’installer ce distributeur dans l’octroi. La force symbolique d’une telle démarche nous semble pertinente car elle redonne une fonction au lieu. L’octroi est ainsi détourné de sa fonction première. Il n’est plus l’espace où les municipalités percevaient une taxe sur les marchandises locales mais l’espace où il est possible de retirer de l’argent, un espace d’échange.


LA MAISON D’HÔTE DE L’OCTROI
Créer un distributeur n’est pas révolutionnaire, mais cela doit permettre de relancer l’opportunité de commerce.

Nous proposons que les octrois, nord et sud, soient réhabilités pour conforter leur statut de porte d’entrée et d’accueil de la ville.

Nous avons vu plus haut que Saint-Dier a longtemps été un bourg d’accueil avec une activité commerciale importante. Nous proposons de poursuivre ce chemin en créant une structure de maison d’hôte.

La réflexion sur la frange « bourg paysage » concerne aussi la capacité du village médiéval à accueillir sur des périodes plus ou moins longues, différentes populations.

Une interface sociale diversifiée :

Cette maison d’hôte de l’octroi aurait ainsi de multiples fonctions :
- Elle pourrait recevoir toute personne en villégiature dans le Parc Naturel Régional souhaitant faire une halte d’une ou plusieurs nuits. Le positionnement stratégique de l’octroi dans le village et son aménagement intérieur devrait être un argument essentiel à la attraction de cette nouvelle clientèle.

Il est important de noter que le pont a été construit postérieurement aux octrois et que l’accès au bourg s’effectuait par un passage à gué sur le ruisseau du Miodet, par un chemin assez abrupt, ce qui permettait un contrôle des marchandises plus aisé.

Nous imaginons également que cette maison d’hôte puisse accueillir des personnes en séminaire tout en utilisant les différentes salles communales (bibliothèque, briqueterie…).


Cette maison d’hôte permettra, en hiver, aux personnes isolées, de bénéficier d’un logis d’appoint pour être à proximité des commerces, des activités et des animations organisées par la commune.

Cette maison d’hôte multifonctions aurait donc un statut associatif.


Les salons pourraient par exemple être utilisés pour des permanences hebdomadaires organisées par des établissements bancaires.
Les octrois, tous deux construits sur un  éperon rocheux, offrent deux points de vue différents. L’octroi sud jouit d’un panorama sur le Miodet et la plaine agricole, alors que l’octroi nord, plus en lien avec «l’urbanité du village» permet une orientation directe sur l’église médiévale, le prieuré et la ripisylve qui borde le ruisseau.


Il y a donc un «octroi ville» et un «octroi campagne».


LE PROGRAMME
L’octroi nord serait consacré aux activités animées, accueil, salon, salle de restauration (petit-déjeuner, cuisine).
L’octroi sud aurait une fonction, plus calme de repos, dévolue aux chambres.

Afin d’accueillir ces différentes populations, nous proposons de créer 2 typologies de chambres :
Les premières chambres, plus économiques, inspirées des hôtels tokyoïtes disposeraient du strict minimum dans une version occidentalisée, et équipée d’un lit, un kit de rangement amovible avec un petit cabinet de toilette et un bureau.

Chaque chambre sera traversante de façon à proposer 2 points de vue sur l’identité de ce bourg à la campagne. Les sanitaires seront mis en commun sur le palier.


Une typologie de chambres plus confortables de 2 ou 3 lits disposera d’un point de vue panoramique plus large sur le paysage pastoral au sud. Ces suites permettraient des séjours prolongés.


LA MATERIALITE
L’objet du  travail architectural sur ces 2 octrois verticaux est de jouer avec la matière minérale de l’appareillage de granit.


L’objectif est de mettre en suspend la transparence.
Créer des filtres de matières qui permettent de voir sans être vu afin de préserver l’intimité des lieux et notamment des chambres accrochées à la façade.

Dans une préoccupation environnementale, nous souhaiterions utiliser le bois de douglas des scieries du parc afin de réduire l’impact écologique. Un voile de bois de sections variables accentuera ainsi la verticalité de l’octroi sud. Les façades vitrées et verrières sont protégées «par le bardage bois ajouré».
Un pare-soleil orientable permet à la chambre panoramique du dernier étage de jouir d’une nuit étoilée tout en se protégeant du soleil.

Les circulations verticales sont traitées avec une grande simplicité de matériaux : Béton, inox brossé, verre, châtaignier.

L’octroi nord disposera d’une baie vitrée athermique afin de préserver le point de vue sur le prieuré.
Le salon du dernier étage sera également protégé par un bardage bois périmétrique et d’une pergola en brise-soleil bois orientable.
Les accès verticaux seront réalisés par des ascenseurs vitrés à piston.


La maison d’hôte de l’octroi est un lieu de passage et d’échange multi-générationnel.
A ce titre les accès extérieurs sont nombreux. La rue sera la liaison principale.

Une passerelle sera créée en surplomb du pont au sud afin de préserver les passants de la circulation automobile.
Nous souhaitons réhabiliter l’escalier d’accès aux berges sur l’octroi Nord pour renforcer le lien historique de l’octroi au ruisseau.
Nous imaginons que lors de la construction du pont un accès souterrain a été créé afin de faciliter la liaison entre les 2 octrois.

  • Client Parc du Livradois-Forez
  • Année 2013